Réceptacles de l'écoulement des milieux aquatiques terrestres, les milieux marins sont soumis indirectement aux pressions qui dégradent les cours d'eau : rejets d'eaux usées et enrichissement nutritif, pollutions matérielles et chimiques par déversements volontaires ou accidentels dans les cours d'eau... En plus de ces diverses pressions, le milieu marin est soumis à l'exercice d'activités qui lui sont propres, telles que les activités de plaisance et les activités portuaires, sources de dérangement de la biodiversité, de pollutions diverses, de modification du trait de côte et des fonds marins. Les pressions relatives à la pêche professionnelle et de loisir, ainsi qu'au mouillage, ont déjà été évoquées dans les rubriques précédentes.

Les pressions émanant des flux maritimes

L'artificialisation du littoral

Pour répondre aux besoins d'aménagements nécessaires à la réalisation des activités maritimes (activités de pêche, transports maritimes et activités de plaisance), des travaux d'artificialisation du littoral ont été, et sont encore réalisés, de façon disparate sur le territoire martiniquais. La proportion d’espaces artificialisés augmente au fur et à mesure que l’on se rapproche du littoral : à moins de 500 mètres du littoral, le taux d’artificialisation atteignait les 17.9 % en 2014. En 2018, le taux moyen d’artificialisation du littoral était de 12.3 %, variant entre 0 et 42.1 % selon les secteurs. C'est la baie de Fort-de-France, qui accueille notamment le Grand Port Maritime de Martinique, qui présente le plus haut taux d'artificialisation (BRGM, 2018). En 2022, le grand port maritime de la Martinique a permis 95 % des échanges de marchandises du territoire. Avec 55 ha de zones portuaires, 3 ha de zones logistiques et 2,7 km de quai, le port a pu accueillir 300 000 équivalents vingt pieds (IEDOM, 2022).

Les autres secteurs fortement impactés par l'artificialisation du littoral sont les masses d'eau côtières (MEC) de la Baie du Robert et du nord Caraïbe, où les taux d'artificialisation dépassent les 30 % (BRGM, 2018).

La surface gagnée sur la mer

Parallèlement à l'artificialisation du littoral, et pour répondre au même besoin, des travaux de recouvrement total (colmatage) ou d'exondation permanente ont été, et sont, réalisés sur des zones marines côtières. Sur les 19 masses d'eau côtières de la Martinique, seules 4 ne sont pas concernées par des aménagements gagnés sur la mer. Pour les masses d’eau concernées, les taux de surfaces gagnées sur la mer restent relativement faibles (très inférieures à 1 %) sauf pour 3 masses d’eau pour lesquelles les valeurs obtenues sont supérieures à 1 % : baie du Marin, baie du Robert et baie de Fort-de-France, en lien avec le développement des installations portuaires (BRGM 2017).

Le dragage et clapage

Les activités portuaires sont aussi génératrices potentiellement de perturbation sur les fonds marins, notamment avec les désenvasements de ports pour entretenir la bathymétrie artificielle et assurer la sécurité maritime des navires. On distingue deux pressions lors de ces travaux :

  • le dragage (prélèvement des sédiments pour augmenter la profondeur bathymétrique) ;
  • le clapage (immersion des sédiments en mer).

En Martinique, les structures portuaires concernées sont le Grand Port Maritime de Martinique (GPMM), les marinas de la pointe du Bout, le Marin, étang Z’Abricots et 7 ports territoriaux. Ces pratiques remettent une quantité importante de sédiments en suspension ce qui participe à la dégradation physique, chimique et biologique des milieux marins. Cette remise en suspension peut par la suite être source d'émergences de panaches turbides, de diminution de la luminosité, de remise en suspension de polluants, de dépôts sédimentaires dans les écosystèmes adjacents, potentiellement sensibles (herbiers et récifs) par phénomène de sédimentation.

La pollution sonore

La pollution sonore sous-marine provient des diverses activités anthropiques menées dans le milieu marin, telles que les flux maritimes motorisés, mais aussi les travaux d'aménagement, d'extraction minière, d'installations sous-marines (réseau de câbles par exemple). Parmi elles, le trafic maritime constitue la principale source de bruits en basses fréquences produits par les hommes dans le milieu marin. À l'échelle mondiale, entre 1950 à 2000, le nombre de navires motorisés a triplé et le tonnage des bateaux a considérablement augmenté. Les axes maritimes sont ainsi des sources importantes de pollutions sonores pour les écosystèmes marins adjacents. Bien que peu documentée dans les eaux martiniquaises, retrouvez des informations plus générales sur la vie acoustique des écosystèmes marins et les nuisances sonores des activités humaines sur le site du PNM de Mayotte ici.

Les autres pressions émanant des activités touristiques de plaisance

Globalement, 1 million de touristes se sont rendus en Martinique au cours de l'année 2023. Parmi eux, on dénombre 72 000 plaisanciers, 556 000 touristes de séjour, 290 000 croisiéristes et finalement 83 000 autres excursionnistes.

En plus des pressions découlant des activités de pêche, de mouillage et des flux de croisière, la fréquentation touristique engendre de multiples pressions : piétinement et raclage sur petits fonds, remaniement des substrats, pollutions matérielles et lumineuses, dérangement de la biodiversité. Ces pressions sont surtout relevées dans les différentes zones de baignade, de réalisation de sport nautique et dans les spots de plongée, qui peuvent être sur-fréquentés. Par exemple, d’après l’Observatoire du Milieu Marin Martiniquais (OMMM), en 2007, 15 % des sites de plongée étaient sur-fréquentés avec plus de 6 000 plongeurs/an.

Pour aller plus loin

Retrouvez l'inventaire des pressions et des activités humaines s'exerçant dans le milieu marin dans le cahier n°3 de la révision de l'état des lieux 2019 en Martinique :

couv cahier3 edl2019D'autre part, retrouvez l'analyse stratégique régionale Martinique - enjeux et propositions de création d'aires marines protégées (2010), réalisée en prémisse de la mise en place du Parc Naturel Marin de Martinique et qui a dressé de façon exhaustive les usages et pressions présents dans le milieu marin :

couv 2010 ASR PNMMEn complément de ces données passées de 15 ans sur les usages et pressions, retrouvez le plan de gestion 2022, cap vers 2035, du Parc Naturel Marin de Martinique :

couv plan gestion pnmm

Observatoire de l'Eau Martinique

Porté par l'Office de l'eau de la Martinique, l'Observatoire de l'eau de la Martinique est un projet partenarial, à l'échelle de la Martinique, visant à un accès plus aisé aux données sur l'eau.

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