En Martinique, deux espèces marines constituent un danger fort pour les écosystèmes marins : le poisson-lion (Pterois volitans) et l’Halophile (Halophila stipulacea), phanérogame qui colonise les fonds marins à la place des 6 autres espèces autochtones de la région.

Ces espèces exotiques envahissantes (EEE) peuvent avoir des incidences fortes sur les écosystèmes marins et les espèces associées :

L'halophile stipulée

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Halophile stipulée au milieu d'herbes à lamentin (Syringodium filiforme)

Cette espèce végétale a une capacité de bouturage et de colonisation des fonds marins très rapide. Elle entre en compétition directe avec des espèces locales (Thalassia testudinum et Syringodium filiforme), pouvant amoindrir la fonctionnalité des écosystèmes et provoquer une homogénéisation du paysage et disparition d’espèces. L’espèce a colonisé en très grande partie la Côte sous-le-Vent de la Martinique, mais également certaines baies abritées de la Côte-à-Vent (Robert, Le François, Vauclin). Il semble cependant que la répartition de Halophila stipulacea soit désormais stabilisée, en dehors peut-être de quelques zones soumises à de fortes pressions de mouillages, Anses d’Arlet notamment (EDL 2019, DEAL)

Le caractère « invasif » de Halophila stipulacea doit être nuancé ces dernières années. En effet, bien qu’elle soit en compétition avec les espèces natives de phanérogames marines, l’espèce assure des fonctions écologiques d’herbiers notables, à savoir : nurserie de juvéniles de poissons, productivité, fixation de sédiments, etc. Les plages de tolérance de luminosité et de salinité de l'espèce lui ont permis de conquérir de nouveaux habitats non occupés par les espèces natives principales, pouvant concourir de façon globale à une augmentation de la superficie des herbiers (constatée en Martinique) et donc de leur productivité vis à vis des services écosystémiques.

Le poisson-lion

lucas PELUS poisson lion

Poisson-lion dans un récif corallien

Le poisson-lion est un redoutable prédateur benthique qui se nourrit en grande quantité de juvéniles de poissons et qui a une capacité de reproduction très rapide. Sa propagation peut entraîner une diminution de la diversité spécifique ichtyologique, ainsi qu’une diminution de l’abondance. L’espèce est désormais présente tout autour de l’île. Aucune cartographie de densités de l’espèce n’a été réalisée.

Les études récentes sur des récifs artificiels (OMMM, 2017) mettent en évidence un impact majeur du poisson-lion sur les proies potentielles (-49 % d’abondance en moyenne) mais également sur ses compétiteurs potentiels (mérous, vivaneaux, rascasse). La présence du poisson-lion dans les récifs de Martinique contribue à une répartition inégale et déséquilibrée des autres espèces prédatrices, soit par occupation de la niche écologique, soit par compétition pour les proies. Les zones de fortes densités de poissons-lion révèlent un déficit en espèces naturelles prédatrices (Trégarot E., Cornet C., Maréchal JP., 2017).

La dynamique des populations de cette espèce est a priori désormais stabilisée : la densité de poissons- lions semble désormais en équilibre après une phase de croissance rapide les premières années suivant son apparition en Martinique (2011) et la densité moyenne sur les récifs côtiers, bien que variable selon les sites et les profondeurs, est globalement désormais inférieure au pic de densité rencontré entre 2013 et 2015 (résultats des enquêtes de la DEAL auprès des clubs de plongée en 2017). Cette tendance, caractéristique des dynamiques de population d'espèces exotiques envahissantes a été également observée dans d'autres territoires de la Caraïbes, Bahamas notamment (EDL 2019, DEAL).

Enfin, si aucune cartographie à jour des densités de l’espèce n'est disponible, des recensements dans les zones d'interdiction de pêche liées à la chlordécone avaient pu permettre de démontrer les très faibles densités de poissons lions dans les baies de la côte atlantique.

Pour aller plus loin

Sur le site de la DEAL Martinique, retrouvez de nombreuses informations relatives aux espèces exotiques envahissantes (dont marines) :

  • définition et impacts des EEE : ici ;
  • réglementation : ici ;
  • connaissance des EEE marines : ici ;
  • et bien d'autres : ici.
Observatoire de l'Eau Martinique

Porté par l'Office de l'eau de la Martinique, l'Observatoire de l'eau de la Martinique est un projet partenarial, à l'échelle de la Martinique, visant à un accès plus aisé aux données sur l'eau.

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