En complément des suivis imposés par la Directive Cadre européenne sur l'Eau (DCE), l’Office de l’Eau Martinique a mis en place un suivi complémentaire « Pesticides » depuis 2007 afin d’identifier et caractériser plus précisément la pression liée aux produits phytopharmaceutiques.

En 2022, sur 169 molécules phytosanitaires recherchées sur 28 stations 'cours d’eau', 52 molécules ont été quantifiées. Parmi ces 52 molécules, 29 sont interdites d’utilisation et 23 sont autorisées.

Quelles sont les rivières de Martinique les plus contaminées par les produits phytopharmaceutiques ?

• Les concentration les plus fortes tous pesticides confondus sont observés dans les stations du Sud (Pont Madeleine à Rivière-Pilote et Pont Séraphin 2 au François) et dans les stations du Nord Atlantique (Pont RN Rouge, Amont Bourg Basse Pointe et Pocquet RN1).
• Le plus grand nombre de molécules différentes est retrouvé dans la partie aval du bassin versant de la Lézarde (Brasserie Lorraine et Pont RN1) et dans les stations du Sud (Pont Séraphin 2 au François, Petit Bourg, Amont Bourg Grande Rivière Pilote).

Ces différences géographiques semblent liées en partie à la répartition des types de culture. Les concentrations les plus élevées sont liées en général à la culture de la banane car elles sont dues à la chlordécone en majorité, aux fongicides post-récolte et, en proportion moindre, aux herbicides et autres fongicides. Il est donc cohérent de les observer dans le nord Atlantique et sur la Lézarde. Le nombre de molécules plus élevé, observé sur les rivières du sud, semble lié à la culture de la canne à sucre (seule ou en mix avec la banane).

Quels sont les produits phytopharmaceutiques qui contaminent le plus les rivières ?

Les molécules que l’on retrouve le plus fréquemment dans les rivières sont les suivantes :

• la chlordécone et le HCH, polluants historiques qui ont été utilisés pour lutter contre le charançon du bananier jusqu’en 1993 ;
• La roténone, insecticide interdit depuis 2011 ;
• le glyphosate et son métabolite l’AMPA, un herbicide utilisé globalement dans toutes les cultures. Depuis le 1^er janvier 2017, les collectivités territoriales, les établissements publics et l’État ne peuvent plus l’utiliser pour l’entretien des espaces verts, des forêts ou des promenades accessibles ou ouverts au public et relevant de leur domaine public ou privé. Cette interdiction concerne les jardiniers amateurs depuis le 1^er janvier 2019 ;
• l’azoxystrobine et le thiabendazole qui sont des fongicides utilisés dans le traitement post-récolte de la banane (appliqués dans les stations d’emballage pour lutter contre les maladies de conservation).

À noter en 2022, que la terbutryne et le 2 hydroxy atrazine, deux herbicides interdis faisant partie de la famille des triazines, ont été quantifiées également un bon nombre de fois.

Autre fait notable en 2022, la dieldrine, le diflufénicanil, le dicamba et la pendiméthaline présentent des concentrations moyennes annuelles au-dessus de la norme de qualité environnementale (NQE) sur certaines stations : Camping Macouba pour la Dieldrine ; Pont RD24 Sainte-Marie pour le diflufénicanil, Pont Madeleine pour le Dicamba et Amont Bourg Basse Pointe pour la pendiméthaline.

Comment évolue la qualité des rivières vis-à-vis des produits phytopharmaceutiques ?

De 2012 à 2022, la concentration moyenne globale en produits phytopharmaceutiques dans les cours d’eau a diminué, malgré des variations relativement faibles :

• le nombre de quantifications des polluants historiques reste relativement stable ;
• il est à noter une diminution des quantifications de glyphosate et de l’AMPA depuis les 2 dernières années. Cette lente diminution semble corrélée à l’évolution de la réglementation (interdiction d’utilisation du glyphosate par les collectivités en 2017 puis par les particuliers en 2019) ;
• les fongicides post-récoltes de la banane sont plus quantifiés en 2022 par rapport à 2020.

Cartographie des résultats

Cette carte permet une analyse géographique globale et présente pour chacune des 28 stations suivies :

• Le nombre de molécules différentes quantifiées (taille des pastilles) ;
• La proportion de contaminations pour chaque classe de concentration (diagramme de type camembert) ;
• La concentration moyenne annuelle mesurée en 2022 ;
• La somme maximale des concentrations mesurées pour une campagne de prélèvement en 2022 ;
• La taille des pastilles permet de voir que le nombre de molécules quantifiées est variable en fonction des stations.

Carte du suivi de la chlordécone dans les cours d'eau de Martinique en 2022

Cette carte présente pour chacune des 28 stations suivies la présence et la concentration de la chlordécone.

Carte de suivi du HCH dans les cours d'eau de Martinique en 2022

Carte de suivi du glyphosate et de son dérivé l'AMPA dans les cours d'eau de Martinique en 2022

Pour en savoir plus

Retrouvez le rapport complet du suivi des produits phytopharmaceutiques dans les cours d’eau de Martinique - Rapport 2022.

Embouchure de la rivière Monsieur, Fort-de-France (Luca Pelus)